On les repère facilement en traversant le village de Flocques (Seine-Maritime), avec leurs silhouettes cubiques et leurs murs en bois qui leur donnent un air de petits caissons. Douze nouveaux logements construits dans la commune accueillent des locataires depuis le mois de novembre.
« Les gens étaient sceptiques en voyant les bâtiments de l’extérieur. Ils n’imaginaient pas ça, s’amuse Nadine Leduc, retraitée, qui a quitté Mers-les-Bains (Somme) avec son mari pour venir s’installer dans la commune. Maintenant, on n’a pas envie de partir d’ici ! ».
Spacieux, pratiques et adaptés au mode de vie de retraités et des personnes à mobilité réduite, ces nouveaux appartements ont été construits par La Foncière Chenelet, partenaire de la municipalité sur le projet.
« En 2016, il y a eu un appel à projet en lien avec l'arrivée de la centrale EPR à Penly. Ils avaient besoin de logements à disposition pour les travailleurs déplacés. L'idée a finalement été abandonnée mais en discutant on s'est rendu compte de l'intérêt d'implanter une résidence senior ».
Les contacts pris dans le cadre de l’appel à projets ont alors été mis à contribution sur un autre chantier. Un accord a été passé pour un bail de 99 ans avec la Foncière Chenelet, basée près de Boulogne-sur-Mer.
« On a décidé de relancer le projet avec cette foncière à taille humaine, pour des logements qui s'intègrent dans un projet environnemental, avec des modèles de construction innovants par rapport à ce qui nous avait été proposé auparavant ».
Eddie Facque
Paille compactée et murs en terre cuite
En effet, comme en témoigne leur allure originale, ces appartements ont été conçus dans une optique d’économie d’énergie : construction en paille compactée, murs en terre cuite pour réguler l’humidité et la chaleur, toiture végétalisée récupérant l’eau de pluie, panneaux solaires…
« On voulait absolument faire des logements pour des personnes aux revenus modestes, poursuit Eddie Facque. Les charges d'énergie ne cessent d'augmenter et beaucoup de gens ne peuvent plus faire face ».
Les futurs locataires, souvent des retraités, ont suivi des ateliers pendant un an et demi pour les préparer au déménagement et apprendre à connaître leurs futurs voisins. Ils ont aussi été initiés au fonctionnement des chaudières Nilan, une centrale de ventilation à double flux qui fait aussi office de chauffe-eau thermodynamique.
Un habitat innovant
Afin de maintenir une consommation d’énergie au plus bas tout en préservant le confort des locataires, les nouveaux logements bâtis à Flocques comportent plusieurs innovations.
Murs en brique de terre crue. La construction permet de réguler l’humidité de l’air en absorbant l’eau quand le logement est trop humide, et en la libérant lorsqu’il est trop sec. En hiver, les murs absorbent la chaleur produite. En été, ils conservent la fraîcheur de la nuit et la libèrent le jour.
Panneaux solaires. Chaque habitation est raccordée à deux panneaux photovoltaïques. Cette énergie électrique est gratuite pour le locataire et permet d’assurer une bonne partie des besoins du logement pendant les périodes d’ensoleillement : ventilation, réfrigérateur, prises électriques… Lorsque les besoins sont très importants, l’électricité du réseau prend le relais.
Toiture végétalisée. Ce système accumule l’eau de pluie qui nourrit les plantes du toit et est en partie recueillie dans les gouttières. Un système qui permet d’apporter de la fraîcheur l’été et de réduire la perte de chaleur en hiver. La toiture végétalisée agit aussi comme un filtre qui retient la poussière et isole des bruits extérieurs.
L’eau filtrée par la toiture est stockée dans un réservoir et est utilisée pour la chasse d’eau, permettant une économie d’environ 50 % sur la consommation. « Pour 84 m2 habitable, on est sur 600 à 650 € de charges totales sur l’année », note Eddie Facque, maire de Flocques.
« C’est un habitat sain »
Bien installés dans les 84 m2 de leur T3, Patrick et Nadine Leduc sont conquis.
« Nous avons été en appartement à Mers-les-Bains pendant 37 ans. Quand on a entendu parler de ce projet et qu'on a su que c'était une démarche écologique, on a tout de suite été partants. C'est adapté aux personnes à mobilité réduite : douche italienne, pas de marches, un banc à côté de la porte d'entrée pour s'asseoir et enlever ses chaussures... Les murs sont épais, il y a un triple vitrage et tout est fait avec du bois noble. C'est un habitat sain ».
Et les Leduc ne sont pas les seuls à avoir été séduits : tous les logements sont occupés et une liste d’attente est déjà en place.